Le Collège vu par… Léolane

Léolane est diplômée dprogramme Histoire et civilisationLe Collège de Rosemont l’a rencontrée afin de discuter de son expérience collégiale. 

Cheminement scolaire

Parle-moi un peu de tes intérêts professionnels, avant de t’inscrire auCégep?

Ça a toujours été l’histoire. L’histoire, c’est quelque chose qui a toujours fait partie de ma vie. Par contre, avant d’arriver au cégep, je dirais que mes centres d’intérêt tournaient beaucoup plus autour de l’histoire religieuse, de l’histoire chrétienne. J’avais déjà commencé à faire beaucoup de recherche dans ce sens-là. Je ne suis donc pas arrivée au cégep absolument novice, je savais déjà que je le portais en moi. Ça tournait beaucoup autour de ça, la religion, mais pas dans un sens spirituel, mais vraiment dans un sens historique. Je voulais en apprendre plus en venant ici. 

Qu’est-ce qui t’a amenée au Collège de Rosemont?

Ça a été de découvrir que le programme d’histoire offrait le stage d’archéologie en Grèce à la fin du cursus et, normalement, ce stage était offert uniquement par l’Université de Montréal. Ça me permettrait donc de valider tout de suite si j’étais faite pour le terrain. Il y a plusieurs formes d’archéologie, on n’est pas toujours en train de creuser sur un terrain. C’était vraiment le seul moyen pour moi d’aller me faire une idée claire, une idée fixe. C’est ça qui a motivé mon choix, il n’y en avait pas d’autres [cégeps]. C’est ici que je voulais aller et c’est ici que je suis venue.  

L’ambiance à Rosemont

Comment décrirais-tu l’ambiance qui existe au Collège de Rosemont ? 

Il y avait quelque chose d’à la fois relax, on ne sentait pas qu’on était dans un environnement très guindé, très austère. On sentait qu’il y avait un échange autant entre les enseignants que les élèves, mais que ce n’était pas non plus une cour de récré. On sentait qu’on pouvait faire confiance à nos enseignants, qu’il y avait une vraie structure, mais, en même temps, on savait que ce n’était pas des figures lointaines à qui on ne pouvait pas parler. Et ce n’est pas juste au niveau académique, mais au niveau personnel aussi. Ils ont beaucoup été là. Très tôt, j’ai senti cette ambiance-là au cégep et ça a créé un terreau plus que fertile pour pouvoir s’épanouir dans l’étude.  

Le programme Histoire et civilisation

Peux-tu me parler des différents types d’apprentissages que tu as faits en Histoire et civilisation?

Le plus grand apprentissage que j‘ai fait et qui me sert encore à ce jour, tous les jours, c’est la méthodologie de recherche. L’aspect qui m’a fait rager, mais qui était tellement formateur, c’était l’esprit de synthèse. Et c’était sans pitié: si tu ne mettais pas ta virgule au bon endroit, tu perdais ton point. Quand on vise les meilleurs résultats, parce qu’on veut pleinement saisir ce qu’on nous avait enseigné, des fois, c’était très très frustrant. Mais les profs le faisaient avec bienveillance et on sentait qu’ils nous préparaient pour l’université. Plus tard, en revoyant mes amis du Collège qui étaient à l’université, ils m’ont dit qu’ils se sentaient avoir plusieurs pas d’avance sur tous ceux qui étaient là avec eux, parce qu’ils avaient eu cette formation-là au Cégep de Rosemont. C’était un peu spartiate et c’était bon. Ça faisait du bien de justement sentir qu’on pouvait déployer tout ce qu’on avait d’effort à fournir, tout en sachant qu’on était bien encadré. C’est surtout ça la chose que j’ai le plus retenue de mon programme.  

Après, c’est la passion des profs pour leur matière. Ils étaient investis et traversés par elle, ils l’incarnaient aussi. Il y avait beaucoup d’humour, c’était très humain. On n’était pas dans l’espèce de relation professorale poussiéreuse où on nous parle de l’ancien temps, en noir et blanc. Non, c’était vivant et interactif, mais, en même temps, il n’y avait pas de flafla. On avait encore le cours magistral comme tel. C’était, à mon sens, ce qui correspondait à l’idée que je me faisais d’une classe.  

Quels enseignants ont marqué ton passage à Rosemont ?

Pour différentes raisons, il y en a quelques-uns. Je dirais que les plus déterminants sont Mélanie Laflamme, beaucoup, qui, par sa sévérité bienveillante, m’a énormément fait progresser. Et en même temps, elle était drôle, elle était fine, elle était attachante ça n’avait aucun sens. Et elle était très très très érudite dans sa matière, donc c’était le fun! On pouvait poser nos questions avec tout notre vouloir de savoir et [les professeurs] nous répondaient et, quand ils ne savaient pas, ils nous le disaient aussi. On a donc développé une confiance en nos professeurs. On ne sentait pas qu’ils allaient juste nous bourrer pour ne pas perdre la face. Mélanie, elle incarnait ça, cette honnêteté intellectuelle qui moi m’a beaucoup inspirée, m’a beaucoup touchée et influencée en tant que femme, en tant que chercheuse et amoureuse de l’histoire.  

Sinon, il y a eu mon professeur de science politique, Carl Cloutier. Je crois que si ce n’avait pas été de lui, je ne me serais pas vraiment intéressée à la politique et, aujourd’hui, ça occupe tellement une grande place dans ma vie et dans mon métier… Il y a peut-être inconsciemment une petite pensée qui s’envole vers lui chaque jour en guise de remerciement.  

Ariane Poulin, évidemment. Ariane qui nous a accueillis ici. On sentait qu’il y avait quelque chose de la doyenne chez elle, un feeling de maman en bon français. Elle ne nous a pas qu’enseigné l’époque du Moyen Âge, elle nous l’a fait voir, avec humanité, rigueur et beaucoup d’humour. 

Je ne veux pas oublier personne… Il y avait Joanne Rochette aussi. Ce que j’aimais particulièrement de sa manière d’enseigner, c’était son élégance dans sa manière de transmettre la matière. Elle était très posée. Il y avait quelque chose de doux à l’écouter nous enseigner. Elle avait un genre différent de ce que j’avais connu à l’époque.  

Paul Dumais a réussi le tour de force de nous intéresser à un sujet aussi lointain, à priori, que l’histoire des maths, grâce à son enthousiasme et son caractère complice avec nous. Il a su rendre sa matière vivante, actuelle et intéressante.  

Sinon, c’est en philosophie, beaucoup, que les professeurs m’ont marquée. Ce n’est pas à proprement parler dans les cours d’histoire, mais c’était tellement relié pour moi. Je pense à Isabelle Corbet, Marc ThédrelCezar Enia. 

Peux-tu me parler de ton stage?

Le fameux stage… Ça a été une grosse prise de tête chemin faisant pour avoir les moyens d’y aller, parce que le mythe de l’étudiant cassé, ce n’est pas un mythe, c’est une réalité. Mais en même temps, on s’est sentis très entourés pour le financement. On ne sentait pas qu’on était laissés à nous-mêmes. Ça a été très le fun aussi quand on est arrivé au printemps de la dernière session et que là, on commençait à pratiquer dehors, à faire nos quadrillages. J’ai vraiment aimé ça. Ce qui est particulier de faire un stage aussi important à cet âge-là, c’est qu’on sent qu’on apprend pour vrai, mais on sent qu’on est comme un peu protégé. On n’est pas juste lâchés dans le vide. On sentait qu’on avait le privilège de pouvoir apprendre et travailler avec des gens chevronnés qui étaient là depuis 25 ans sur le site. C’était aussi une rencontre entre nous et l’histoire, parce qu’à partir du moment où tu déterres un tesson de poterie où il y a des traces de doigts qui datent de 2500 ans, il y a un petit élan d’humilité qui te prend.  À ce moment-là, tu te dis « mon Dieu je suis dont bien toute petite sur la ligne du temps ». Et en ce qui me concerne, c’est vraiment là où j’ai pu valider. C’est beau de grandir avec un rêve, mais je savais que c’était quelque chose de demandant, que ce n’était pas quelque chose qui se faisait à la légère, que c’était très exigent. C’est le stage qui m’a permis de comprendre que, non seulement j’étais faite pour le terrain, que j’adorais ça aussi, mais, en même temps, c’est à partir de cette constatation-là que j’ai pu partir dans d’autres directions. Au Québec, on ne fait pas juste de l’archéologie de terrain, c’est beaucoup en bibliothèque, en étude que ça se fait. C’est donc le fait d’avoir pu valider ça une première fois qui m’a permis d’aller ailleurs après dans la discipline. 

Lorsque tu étais au cégep, est-ce que tu participais à des activités culturelles ou sportives?

Je n’avais pas le temps… Il y a un dicton qui dit que le cégep, c’est soit les deux pires années de ta vie ou les sept meilleures. Pour moi, ça a été les deux meilleures sauf que, quand je suis arrivée en 2013, je n’avais jamais mis les pieds dans un établissement d’études supérieures donc je n’avais jamais fait les cours de base. Et moi, je suis arrivée ici avec la ferme intention d’avoir 100 % partout, pas pour me péter les bretelles, mais parce qu’il n’y a rien de plus grisant que d’avoir la certitude d’avoir tout compris ce qu’on a voulu t’enseigner. À ce moment-là, tu continues dans l’étude en étant bien et en étant optimiste. J’avais des sessions de huit ou neuf cours, alors c’était tellement exigent que je ne pouvais pas faire d’activités culturelles.   

Mais, en même temps, la grande activité culturelle que j’ai eue, c’était la relation que j’ai pu entretenir avec mes professeurs. Que ce soit les cafés qu’on a pris après les heures de cours ici à l’école, parce que ça me permettait de  parler plus loin que la matière enseignée. Je me posais des questions, j’avais des interrogations, je voulais en savoir plus et, je pense qu’un professeur, quand il est devant un élève qui veut savoir, je pense que ça le stimule quelque part. L’amitié est née là-dedans. Ça a été ça ma grande activité culturelle au cégep.  

La suite après le Collège

Qu’as-tu le plus aimé de ton parcours à Rosemont?

Je dirais la franche camaraderie, à la fois entre les étudiants et avec nos professeurs. Je ne sais pas quoi dire d’autre, parce que quand j’y repense, c’est vraiment ça qui ressort tout de suite. Il n’y a aucun matin où je me suis dit « Ouf, j’ai le gout de rester dans mon lit! ». Il n’y a aucun matin où je me suis dit « Non, ce matin ça ne me tente pas ». Chaque matin, je me levais puis j’avais envie de venir à l’école. Ça fait que quand il y avait des tempêtes et que le cours était annulé… je n’étais pas contente. Ce que j’ai vraiment le plus aimé, c’est le caractère humain du Collège.  

Que fais-tu maintenant?

Officiellement, je suis écrivaine. J’ai commencé à écrire en 2012 et je n’ai jamais arrêté. J’ai un premier livre qui est sorti en 2015, j’en ai un nouveau qui sortira cette année, et, en parallèle, j’écris pour le Journal de Montréal. J’ai un blogue pour le Journal où je traite de philosophie, d’histoire et de politique. C’est un regard sur les réalités du Québec, ce sont des réflexions sur ces mêmes réalités. Sinon, je ne suis jamais bien loin des chercheurs, surtout en ce qui a trait à la question de Champlain. C’est quelque chose qui m’intéresse énormément. 

Mot de la fin

Si tu pouvais donner un seul conseil à une personne qui commence le Cégep, que lui dirais-tu ? 

Vas-y à fond ! Vas-y à fond et essaie de libérer ton esprit de tout souci périphérique possible. Je sais que la plupart des élèves ne peuvent pas se permettre de ne pas travailler en étudiant. Moi, je l’ai fait même si je ne pouvais pas me le permettre pour autant. C’est jusque que c’était l’investissement que je choisissais de faire. Moi, je me suis dit que j’allais devenir une super gestionnaire du peu que je recevais de mes prêts et bourses pour pouvoir être complètement investie.   

Pour pouvoir vivre l’expérience à fond et quitter le cégep en se disant « j’ai un bagage énorme », mon conseil, c’est de s’investir. Je ne dis pas qu’on ne peut pas le faire avec un travail à temps partiel, mais, au moins, il faut être certain d’être là pour les bonnes raisons. Quand on étudie en histoire, pour ne pas que ce soit une torture, il faut que ça te lève le matin et que ça te couche le soir. Sinon, tu vas trouver que c’est du bourrage de crâne et tu ne survivras pas.   

On dit souvent que les sciences humaines, c’est plus relax, mais, en histoire, je n’ai pas trouvé ça si relax que ça. On nous forme à l’université, avec la méthode universitaire. On nous prépare et c’était un bon bootcamp. C’est à cause de cette ardeur- là que, même si j’avais décidé de ne pas continuer à l’université, je savais que j’étais tout équipée pour pouvoir avancer dans la vie avec la bonne méthodologie pour pouvoir continuer par moi-même, selon mon rythme et mes lectures. Un moment donné, je ne pouvais plus supporter qu’on me dise quoi lire, mais ce n’était pas parce que je ne voulais plus qu’on me le dise que j’ai arrêté de lire. C’est parce que le cégep m’a bien formé que je n’avais plus besoin de la carotte au bout pour me forcer à étudier… c’est tous les jours. C’est un mode de vie.

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