Dossier Urgence climatique: enjeux (partie 3)

Puisque le débat sort de notre champ de compétences en tant que simple citoyen, il n’est pas possible de trancher entre arguments d’experts scientifiques sur les questions climatiques et environnementales.

Nous laisserons donc le traitement de cette partie du problème à notre confrère Alexandre Leroux, du Département de chimie, qui l’abordera dans le cadre de sa conférence ce vendredi, à 9h30, au Café étudiant.

Si nous devons faire confiance à la science et croire qu’un large consensus s’est dégagé chez les experts climatiques du monde entier depuis la conférence de Paris en 2015, s’agit-il alors pour nous citoyens de faire un acte de foi scientiste? Pour juger des impacts positifs ou négatifs des changements climatiques, peut-on raisonnablement croire que le politique, avec ses jugements de valeur propre, n’a pas interféré du tout dans le débat entre savants, issus tant des sciences de la nature que des sciences humaines? Peut-on croire que des scientifiques peuvent porter des jugements de valeur sans sortir de leur champ disciplinaire, supposé être purement factuel?

Sans entrer plus avant dans ces questions épistémologiques complexes, attardons-nous davantage aux aspects sociopolitiques du présent débat. Quelles conséquences ce débat et nos propres prises de position politiques devant l’urgence climatique pourraient avoir?

Posons d’abord un regard sur ce mouvement écologique qui prend de l’ampleur grâce à la fascination entourant la personnalité de Greta Thunberg.

Greta Thunberg ne cesse de marteler « Que notre maison brûle. » et qu’il faut « Écouter la science. » pour faire face aux problèmes environnementaux. Ici, le journaliste Christian Rioux, chroniqueur au journal Le Devoir, veut nous faire réfléchir au rôle symbolique que joue Greta dans l’espace médiatique face à l’urgence climatique et la nécessité de trouver un salut pour l’humanité. Car elle nous enjoint de faire confiance aux conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et d’avoir foi dans les scientifiques. Selon Rioux, le mouvement écologique pour la défense de Gaïa, notre Terre-mère, et la mobilisation derrière la jeune Suédoise acquièrent une dimension religieuse où l’émotion l’emporte sur la raison et la science. L’écologisme serait en voie de devenir une nouvelle forme de religion plus apte à soulever l’enthousiasme irrationnel des jeunes foules qu’à éclairer leur jugement.

Lire l’article de Christian Rioux paru dans Le Devoir.

Toutefois, Agnès Gruda, éditorialiste du journal La Presse, réplique à ce dernier. La planète est dans un état critique et il n’est plus temps de procrastiner! Si Greta Thunberg dérange autant et suscite de nombreuses critiques, c’est qu’elle nous place devant les contradictions de nos comportements individuels et collectifs. Elle incarne cette question : « jusqu’où sommes-nous vraiment prêts à changer notre style de vie pour préserver celui des générations à venir? »

Voulons-nous vraiment changer nos habitudes de vie consuméristes?

Lire l’article de l’éditorialiste Agnès Gruda

Sur ce point, Richard Martineau, chroniqueur chez Québecor, a été jusqu’à mettre en relief les conséquences ultimes des changements de comportements que cela pourrait impliquer pour nous, consommateurs de technologies.

Lire l’article de Richard Martineau

Bref, nous avons vu que, pour Laurent Alexandre, le problème de l’urgence climatique se déclinait en cinq questions :

  1. Y a-t-il un réchauffement climatique ? Et de quel ordre est-il ?
  2. Quelle est la part anthropique, liée à l’homme ?
  3. Par quel intermédiaire, par quel vecteur, l’action de l’homme sur la Terre entraîne-t-elle des modifications thermiques ?
  4. Est-ce que c’est néfaste ou pas ?
  5. Est-ce que la transition énergétique, telle qu’on la développe aujourd’hui, est bonne ou pas ?

    Une sixième question viendrait donc s’y ajouter :
  6. S’il y a un état d’urgence planétaire avéré, sommes-nous prêts à transformer toute notre société, à vraiment opérer cette transition énergétique?

À bouleverser le secteur de l’énergie au Canada, spécialement celui des énergies fossiles au profit de la filière nucléaire, laquelle produit très peu de CO2?

À augmenter le prix de l’électricité en provenance de centrales thermiques tout en en réduisant la disponibilité, par exemple? Ou à entreprendre de nouveaux projets onéreux de barrages hydroélectriques carboneutres?

À empêcher le développement économique des régions les plus pauvres du monde tout en poussant à la décroissance en Occident?

Et pour certains activistes radicaux, à laisser la peur, voire une hystérie quasi religieuse, infiltrer la population afin d’accroître la mobilisation des masses et l’accélération des réformes socioéconomiques qui s’imposeraient?

Lire un article du Journal de Montréal sur le sujet

Enfin, à l’échelle des individus, la raison du citoyen-consommateur doit-elle se convertir en une foi écocitoyenne apocalyptique?

Voilà autant de façons de décliner l’enjeu démocratique de la transition énergétique.

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