Le Cégep vu par… Josiane

Josiane est étudiante en Techniques de thanatologie. Le Cégep de Rosemont l’a invitée à témoigner de son expérience collégiale.

 

Cheminement scolaire

Quels étaient tes intérêts professionnels avant de t’inscrire au cégep?

Depuis mes 14 ans, j’ai travaillé beaucoup avec des enfants. C’est quand même un domaine qui est relativement différent de la thanatologie, on va se le dire. J’ai travaillé aussi dans un dépanneur parce que je viens d’une petite place donc, il n’y a pas une très grande possibilité d’emploi. C’est pas mal ça, j’ai travaillé en CPE, en service de garde et en camp de jour, puis quand je suis arrivée à Rosemont, ça a changé pour me rapprocher plus de mon programme.

Comment as-tu découvert le programme?

En secondaire 3, on a fait des tests pour savoir quels étaient nos intérêts. À ce moment, on dirait qu’on ne sait pas trop où on veut aller. J’hésitais beaucoup entre la médecine médico-légale puis la psychologie. C’est quand même deux domaines qui sont semblables, mais vraiment différents en même temps. Ce ne sont vraiment pas les mêmes études. Puis, on m’a parlé de la thanato. Je ne savais pas trop ce que c’était exactement; j’ai fait un stage par chez moi puis je suis tombée en amour avec le métier la journée même. C’était juste un stage d’observation, mais je savais déjà que c’était ça que je voulais faire de ma vie. Donc, en secondaire 3, ça s’est décidé juste parce que quelqu’un m’a mentionné le nom [du programme]. Ça m’a intrigué puis j’ai fait des petites recherches et c’est ce que je fais maintenant.

Le programme Techniques de thanatologie

Comment décrirais-tu l’ambiance de ton programme?

Quand je suis rentrée en 2019, juste avant la COVID, on s’est vraiment rapprochés vraiment rapidement. On était comme une petite famille : on étudiait ensemble les soirs, on se voyait en dehors puis on est devenus vraiment proches.
Il y a eu un petit clash quand on a changé de session. Il y a des gens qui partent, les groupes se mélangent, mais, malgré ça, on est quand même restés vraiment proches.

Après ça, tout est tombé à distance avec la COVID. Donc là, c’était un petit peu plus difficile. Quand je suis revenue, j’étais complètement dans un monde différent parce que j’ai décidé d’étaler ma technique sur quatre ans. J’ai donc décalé d’une cohorte, mais, malgré ça, on a créé des liens vraiment rapidement. Comme ce n’est pas un grand domaine, tout le monde se connait puis je pense que c’est comme ça aussi à l’école. L’ambiance qu’on a à l’école reflète bien le monde extérieur. Tout le monde est là pour tout le monde, on s’entraide vraiment beaucoup puis c’est vraiment le fun. C’est quand même spécial.

Qu’aimes-tu le plus de ton programme?

La diversité, je pense. C’est le fait que ce n’est pas axé juste sur une chose. Ce qui fait que c’est difficile de se tanner de quelque chose ou tu le vois tout de suite que tu n’aimes pas ça. Le domaine funéraire est tellement grand que si je n’aime pas la thanatopraxie par exemple, il n’y a rien qui m’empêche de faire tout sauf ça puis, à l’inverse, si c’est ce que j’aime le plus, bien je peux faire juste ça. [Le programme] te fait toucher à tout, te fait voir de tout, et ça fait qu’on a des connaissances générales quand même relativement développées.

Décris-moi les différents types d’activités d’apprentissage de ton programme. 

C’est vraiment divers. Je m’attendais beaucoup à ce que les cours soient plus axés sur l’aspect de la thanatopraxie. Finalement, c’est vraiment de tout. On voit le service funéraire, les conseils aux familles, les documents légaux, l’art restauratif, la thanatopraxie, qui est quand même la raison principale pour laquelle on doit faire un DEC. Ça couvre tout ça. Je rentre justement en stage puis j’ai vraiment l’impression qu’avec la confiance puis la pratique, je vais être capable éventuellement de tout faire. Déjà maintenant, on dirait qu’il n’y a rien qui nous est inconnu. On va nous parler de quelque chose, puis on va faire « Oui, je l’ai vu à l’école! » [Le programme] couvre tout ce qu’on pourrait penser qui se rapporte à des funérailles ou à l’aspect de la thanatopraxie.

Comment décrirais-tu les enseignants?

Ils sont vraiment compréhensifs. La plupart des enseignants ont fait la technique à Rosemont, ils ont leur permis de thanatopraxie donc, ils savent c’est quoi. Ils sont passés par là aussi. Ils savent que leurs cours sont vraiment difficiles. Parfois, on a l’impression qu’ils ne nous comprennent pas, mais moindrement qu’on commence à leur parler, ils sont vraiment compréhensifs et nous proposent des alternatives.

Justement, je suis dans une grosse session. La dernière session, c’est la plus grosse en Thanato. C’est comme ça pour tout le monde : c’est relativement intense parce qu’on récapitule vraiment tout [ce qu’on a vu depuis] trois ans. Notre prof nous a dit : « Il faut vraiment que vous preniez du temps pour vous. Oui, c’est dur, mais il faut que vous pensiez à vous. » Les profs se parlent beaucoup entre eux, donc ils savent ce qu’il se passe dans les autres cours, puis ça se balance quand même relativement bien. Il n’y a aucun prof à ma connaissance qui est complètement fermé à un dialogue si jamais il y avait quoi que ce soit. Que ce soit un problème personnel ou à l’école, ils vont tous être ouverts puis ils vont essayer de nous aider le plus qu’ils le peuvent. Donc, on est en confiance et ce n’est pas stressant par rapport aux profs.

Quels enseignants ont marqué ton passage à Rosemont?

Il y en a deux, en fait. Il y a Paul [Dumais], le fameux Paul, un prof de chimie qui est maintenant à la retraite. J’ai été dans sa dernière cohorte. C’est un prof exceptionnel. On était dans son cours puis c’est comme si on n’était pas en cours. Il était tout le temps là pour nous aider. Il nous faisait des petites jokes, des mises en situation. C’est quelqu’un que j’aimerais avoir comme ami si je le revoyais à l’extérieur. Il est vraiment mon prof coup de cœur.

J’ai aussi beaucoup aimé Alice à ma première session. On était sa première cohorte puis ça a juste cliqué. On parlait de tout et de rien. Elle est quand même jeune comme prof donc elle connait vraiment plus notre réalité. Pas mal tous les profs qu’on a eus, elle les a eus aussi. Donc, on pouvait en parler avec elle. On avait comme un lien de plus, probablement parce qu’on était plus proche aussi au niveau de l’âge. Donc Paul et Alice sont mes deux coups de cœur préférés.

Comment fais-tu pour prendre du temps pour toi?

C’est difficile, surtout que je travaille en même temps. Être à l’école à temps plein puis travailler presque à temps plein, ça devient un peu compliqué. Je joue au volleyball deux fois par semaine et ça fait vraiment une grosse différence. C’est une ambiance vraiment différente. Comme je travaille dans le domaine funéraire et que j’étudie dans le domaine funéraire, on dirait que je suis tout le temps juste là-dedans. Donc, avoir un petit break, voir des nouvelles personnes et des nouveaux visages, faire une activité sportive avec des gens qui ont des intérêts communs, ça fait du bien. Souvent, après, on va prendre un café ou j’essaie de me donner du temps pour prendre des marches. Ce sont de petites choses simples, qui ne prennent pas beaucoup de temps, mais qui font quand même une différence dans la journée. Après, on est prêt à repartir puis à continuer.

Tu t’en vas en stage, dirais-tu que tu es bien préparée?

Je pense que oui, parce que je suis conseillère en ce moment. Donc, ce que j’ai vu dans mes cours de lois, dans mes cours de conseillers, je l’applique. Puis c’est quand même un bon complément quand on travaille dans le domaine funéraire durant les études; on voit que ça se complète.
Ce sont deux mondes totalement différents. Quand on sort du cégep, on a une mentalité un peu stricte, si je peux dire. Par chez nous, on dit qu’ils nous drill. Ils nous [forment] d’une certaine façon pour que, quand on sort, ce soit plus lousse (facile). Donc, on arrive quand même relativement bien préparés. Ce que je pense ce qu’il manque beaucoup, ça va la confiance parce qu’on travaille beaucoup en équipe en thanato, puis là, quand on arrive en stage, on est plus laissé à nous même. Donc, au début, il faut juste prendre la confiance qu’on a besoin puis, une fois qu’on l’a, bien on sait quoi faire. C’est juste qu’on dirait qu’on n’est pas sûr, donc on va chercher de la validation.

Si tu pouvais donner un seul conseil à une personne qui commence des études collégiales, que lui dirais-tu?

J’en ai parlé avec ma prof et elle n’a pas aimé ma réponse. Alors je vais la dire, puis je vais l’expliquer par après. C’est correct d’échouer. Dans le sens que c’est correct de faire des erreurs. Ce n’est pas grave. Je suis arrivée en Thanato en me disant : «Je vais faire ma technique en trois ans, puis je vais sortir en trois ans. Il n’y a pas beaucoup de monde qui le fait en trois ans, mais moi je vais le faire, moi je suis bonne.» Les circonstances ont fait que ce n’est pas ce qui est arrivé, puis je me sentais tellement mal au début. Avec du recul, je me rends compte que ce n’est tellement pas grave. Qu’on coule un examen, qu’on ait plus de difficultés en quelque chose, qu’on étende la technique, ce n’est pas grave. Au final, on va finir quand même avec un diplôme, puis l’important, c’est de le réussir du mieux qu’on peut. Ça arrive des fois des mauvaises passes, puis ça arrive des fois qu’on a de besoins d’aide. Il faut aller la chercher puis c’est correct. Je fais ma technique en quatre ans et je suis très heureuse, c’est une des meilleures décisions que j’ai prises dans ma vie. C’est juste qu’il ne faut pas que ça arrive tout le temps. Mais de temps en temps, ça arrive puis ce n’est pas grave. Il y a des gens qui sont là pour nous soutenir. Si c’est arrivé, c’est peut-être parce qu’on est dû pour le refaire puis on va juste mieux performer par après.

Le Collège

Comment décrirais-tu l’ambiance qui existe au Collège de Rosemont?

Je disais tantôt que la cohorte en Thanato est un petit peu comme une famille. J’ai l’impression que le cégep aussi. Au début, je me perdais vraiment beaucoup parce que d’où je viens, on est 7000 personnes et que Rosemont c’est presque la moitié de ma ville dans un cégep. Mais ce n’est jamais arrivé que je sois perdue puis qu’il n’y ait personne qui m’aide. Les gens sont quand même relativement ouverts. Je joue au volleyball puis, avec les filles, on a vraiment créé une ambiance super amicale rapidement.

J’ai l’impression qu’à Rosemont, on est ouvert à la diversité et à la nouveauté. On n’a pas peur de ça puis on est là, je pense, pour tout le monde. Je veux dire, même moi, quand je vois quelqu’un qui a besoin d’aide, même si je ne connais pas la personne, je vais lui dire : « Ah veux-tu de l’aide, as-tu besoin de quelque chose? » On est plus «tout le monde ensemble».

Que retiens-tu de ton passage au Cégep de Rosemont?

Que l’entraide et la communication sont deux choses très importantes. Le [passage au] cégep est un moment qui est difficile au début parce que totalement différent du secondaire, surtout peut-être pour des gens qui viennent de plus loin que Montréal. Au cégep, on est plus laissé à nous-mêmes, puis j’ai appris que c’est correct d’en parler quand on a besoin d’aide. Il faut aller chercher [l’aide] et c’est vraiment en parlant qu’on est capable de décortiquer le problème. Donc je pense que je vais sortir de Rosemont avec une meilleure capacité à aller chercher de l’aide puis à juste communiquer avec les gens autour de moi.

Après le Collège

Où te vois-tu dans cinq ans?

Mon plan change tout le temps. On dirait que j’avais une idée définie de ce que je voulais, mais là, j’y vais plus au jour le jour. À mon âge, il y a tellement d’opportunités devant moi! Je veux tellement essayer plein de choses! Idéalement, après mes stages, j’aimerais faire un BAC en sciences des religions. Donc, je serais à l’université dans cinq ans. J’aimerais aussi voyager.

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171.A0

Techniques de thanatologie

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