La résilience ou comment se rétablir après une épreuve

« L’image que vous vous faites de moi ne correspond pas à ma réalité. Un jour, je m’en sortirai et vous montrerai de quoi je suis capable. »

Mises en situation: t’y reconnais-tu?

  • Charlie a subi de la violence familiale, puis de l’intimidation jusqu’à l’âge de 15 ans. Ses amies, qui ne l’ont appris que tardivement, lui prédisaient un avenir noir lorsqu’elles ont su ce qui s’était passé. Elles ont néanmoins fait de leur mieux pour bien l’entourer et lui laisser vivre ses propres expériences. Elles sont les premières étonnées qu’elle soit maintenant acceptée au cégep dans le domaine de son choix.
  • Josué a connu un pays dévasté par les catastrophes naturelles, qui l’ont amené à vivre plusieurs deuils, dont la mort précoce de sa mère, le processus d’immigration et l’éloignement de plusieurs membres de sa famille. Bien qu’il ait traversé des périodes de souffrance et d’émotions intenses, Josué a aussi appris à profiter de la vie, à accueillir le plaisir où il y en a. De plus, il a un projet qu’il tient à réaliser, celui de devenir coopérant ou journaliste à l’étranger pour mieux faire connaitre les réalités des habitants de certains pays.

Comprendre la résilience

La résilience est la capacité à réussir à vivre et à se développer positivement malgré des traumas ou des obstacles de vie importants, défiant ainsi les pronostics négatifs. Qui n’a pas entretenu les préjugés voulant qu’un garçon battu devienne délinquant et, dans certains cas, lui aussi, violent. On a longtemps pensé qu’une dure épreuve dans l’enfance mènerait à des psychopathologies, et ce, souvent à tort. En effet, nous avons tous connu une personne pour qui le destin a contredit ces tristes prédictions.

Voici les formes que peut prendre la résilience:

  • Une adaptation exceptionnelle malgré l’exposition à des stresseurs significatifs.
  • La réussite malgré les revers.
  • Un développement psychologique non pathologique malgré la présence de lourdes épreuves.

Tout comme Josué, les personnes résilientes se fixent souvent des buts vraiment importants pour elles-mêmes et déploient tout ce qu’elles peuvent pour les atteindre. Le psychiatre Victor Frankl, rescapé des camps de concentration a quant à lui développé un type de psychothérapie basé essentiellement sur le sens que l’on donne à l’existence. C’est son épreuve personnelle qui l’a convaincu que l’être humain peut supporter une grande souffrance pourvu qu’il puisse y donner un sens.

Comme nous le constations pour Charlie dans la première mise en situation, ce qui compte pour devenir résilient, c’est non seulement le regard que les personnes portent sur elles-mêmes dans les contextes d’adversité, mais aussi leur projection dans l’avenir; le regard que l’on porte sur les personnes qui ont vécu de grandes épreuves va également contribuer positivement à ce processus. Les amies de Charlie, en ne la surprotégeant pas malgré leurs inquiétudes, lui ont permis de relever des défis et d’ainsi connaitre du succès, ce qui a ensuite contribué à améliorer son estime d’elle-même.

« Le processus de résilience est un phénomène complexe qui implique l’interaction de facteurs psychoaffectifs, relationnels et sociaux avec les caractéristiques internes d’une personne (processus défensifs, personnalité…). La résilience peut concerner non seulement un individu, mais aussi un groupe familial, ou encore une communauté sociale. »

Facteurs de résilience sociale ou communautaire

  • Présence de pairs
  • Communauté sociale : école, quartier
  • Communauté religieuse ou idéologique
  • Société et culture
  • Solidarités
  • Implication active
  • Valeurs d’entraide et de tolérance sociales
  • Diversité des sources de soutien et des ressources sociales

(Réf. : Le concept de résilience et ses applications cliniques, de Marie Anaut, CAIRN Info 2015-2017)

Que disent les recherches au sujet de la résilience?

Dans les années 90, Emmy Warner et John Bowlby, des psychiatres américains, ont commencé à s’intéresser à la résilience. Grâce à leurs recherches, ils ont réalisé que les gens résilients ont développé des attitudes de protection qui pourraient se décrire comme une espèce de douce révolte, le refus d’être condamné au rôle de victime passive : « J’ai en moi la force de réagir, aussi je vais me battre, chercher à comprendre. »

On a découvert que les personnes qui s’en sortent le mieux, même après les pires catastrophes, sont celles qui parviennent à regagner une estime d’elles-mêmes en réussissant quelque chose, en ayant un véritable motif de fierté.

(http://www.redpsy.com/infopsy/resilience.html, Jean Garneau, psychologue)

Facteurs susceptibles d’encourager la résilience

À partir de l’étude des personnes réputées résilientes, on peut retenir un certain nombre de caractéristiques qui contribuent à faciliter la résilience.

  • Habilités de résolution de problèmes
  • Autonomie
  • Capacités de distanciation devant un environnement perturbé
  • Compétences sociales
  • Empathie
  • Altruisme
  • Sociabilité, popularité
  • Perception d’une relation positive avec un adulte
  • Relations affectives

(Le concept de résilience et ses applications cliniques, de Marie Anaut, CAIRN Info 2015-2017)

Puisque les difficultés et les épreuves font partie de la vie, chacun de nous pourrait profiter du développement de ces attitudes qui agiront, le moment venu, en guise de protection.

D’autres facteurs sont communément reconnus comme étant importants.

  • Ne pas se faire surprotéger
  • Être bien entouré
  • Avoir la permission de s’exprimer librement
  • Cibler les forces et se permettre de relever de nouveaux défis

La petite histoire des casseurs de cailloux

L’allégorie du casseur de cailloux, citée par Boris Cyrulnik (2004), illustre bien le phénomène de la résilience. En voici le récit.

En se rendant à Chartres, un voyageur voit, sur le bord de la route, un homme qui casse des cailloux à grands coups de maillet. Son visage exprime le malheur, et ses gestes, la rage.

Le voyageur demande : « Monsieur, que faites-vous? »

– Vous voyez bien, lui répond l’homme, je n’ai trouvé que ce métier stupide et douloureux .

Un peu plus loin, le voyageur aperçoit un autre homme qui, lui aussi, casse des cailloux, mais son visage est calme et ses gestes harmonieux.

– Que faites-vous Monsieur?, lui demande le voyageur.

– Et bien, je gagne ma vie grâce à ce métier fatigant, mais qui a l’avantage d’être en plein air, lui répond-il.

Plus loin un troisième casseur de cailloux irradie de bonheur. Il sourit en abattant la masse et regarde avec plaisir les éclats de pierre. « Que faites-vous? », lui demande le voyageur.

– Moi, répond cet homme, je bâtis une cathédrale!

En conclusion

Il est possible de nous sortir de situations désespérées; d’autres l’ont fait avant nous.

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